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DEUXIÈME SECTION


cette pureté de leur origine qui les rend dignes de nous servir de principes pratiques suprêmes ; qu’on ne peut y ajouter aucun élément empirique sans diminuer d’autant leur pure influence et la valeur absolue des actions ; qu’il est non seulement de la plus impérieuse nécessité au point de vue théorique et en ce qui concerne la pure spéculation, mais aussi de la plus grande importance pratique de puiser ces concepts el. ces lois dans la raison pure, de les présenter purs et sans mélange et même de déterminer exactement le domaine de celle connaissance pratique rationnelle ou pure, c’est-à-dire le pouvoir de la raison pure pratique. On ne devra pas ici, comme la philosophie spéculative le permet et quelquefois la trouve nécessaire, faire dépendre les principes de la nature particulière do l’homme ; mais les lois morales devant être valables pour tout être raisonnable, c’est du concept universel d’un être raisonnable en général, qu’il faillies déduire. De cette manière la Morale, qui, dans son application à l’humanité, a besoin de l’Anthropologie, sera d’abord exposée indépendamment de celle science, comme une pure philosophie, c’est-à-dire comme une métaphysique* et cela d’une manière complète (ce que l’on peut certainement faire dans ce genre de connaissance tout à fait abstraite). 11 faut bien savoir qu’à moins de posséder celte science, non seulement on essaiera vainement de déterminer, avec une exactitude suffisante pour le jugement spéculatif, les éléments moraux contenus dans tous les actes conformes au devoir, niais que de plus on sera tout à fait incapable dans l’usage pratique ordinaire, surtout si l’on donne un enseignemcnl moral, de fonder la moralité sur ses véritables

t. Tout ce passage explique le sens que Kant donne à l’expression Métaphysique des mœurs. La Métaphysique des mœurs, dont il

expose ici les fondements, doit être la science des concepts moraux en tant qu’ils peuvent être déterminés purement il priori.