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PREMIÈRE SECTION

pure el simple. Maintenant, si une action faite par devoir élimine entièrement .l'influence de l'inclination el par suite tout objet do la volonté, alors il no reste plus rien qui puisse déterminer la volonté, sinon la toi objectivement, cl, subjectivement, le pur respect* pour celle loi pratique et par conséquent la maxime* suivante : obéir à cette loi, même en faisant violence à toutes mes inclinations.

Ainsi la valeur morale de l'action no réside pas dans l'effet qui en est attendu; elle ne réside pas non plus dans quelque principe d'action qui emprunterait un motif au résultat espéré. Car tous ces résultats (une situation agréable pour nous-mêmes, l'accroissement du bonheur pour les autres) pourraient être réalisés par d'autres causes; il n'y a pas besoin pour cela de la volonté d'un être raisonnable, volonté dans laquelle seule on peut trouver le bien suprême et inconditionné. La représentation de la loi en elle-même, représentation qui ne se réalise, il- est vrai, que ches l'être raisonnable, à la condition quo ce soit celle représentation el non l'espérance d'un résultat quelconque qui détermine la volonté, voilà la seule chose qui constitue ce

  • La Maxime est le principe ^oijeclif de la volonté; le principe objectif (c'esl-a-di-e celui qui servirait aussi subjectivement de principe pratique à tous les êtres raisonnables, si la raison était entièrement maitresse de la faculté de désirer) est la ioi pratique. (Note de Kant.)

t. Kant explique, dans la Critique de ta liaison pratique, comment la loi morale qui est le seul principe d'une volonté vraiment bonne, peut donner naissance a un mobile, c està-dire à un sentiment, et comment ce sentiment peut avoir de l'influence sur la volonté, sans lui enlever sa valeur morale. Ce sentiment, c'est le respect (Aehtung) : il ne précède pas fe devoir, il en résulte, et c'est pour cela qu'il laisse intacte la pureté des maximes. Voir

dans la Critique de ta Raison pratique ( 13arni, p. 2jt, Picavel, p. 136) le passage célèbre sur le respect : « C est, dit Kant, un tribut que l'on ne peut refuser au mérite. > t C'est si peu un sentiment de plaisir qu'on ne s'y livre pas volontiers à l'égard d'un homme,que l'on cherche quelque chose qui en puisse alléger le fardeau, quelque motif de blâme qui dédommage de l'humiliation causée par l'exemple que l'on n sous les veux. »