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FONDEMENTS DE LA MÉTAPHYSIQUE DES MŒURS.


volonté l’a accomplie, abstraction faite de tous les objets du désir. 11 résulte clairement de ce qui précède que les buts que nous pouvons nous proposer dans nos actions et quo les effets de ces actions, autrement dit que les fins de la volonté et ses mobiles, ne peuvent donner à notre conduite aucuno valeur morale absolue. Où peut donc résider celte valeur, si elle ne so trouve pas dans le rapport de la volonté avec un résultat espéré ? Ello ne peut résider nulle part ailleurs que dans le Principe de la volonté, abstraction faite des fins qui peuvent être réalisées par une telle action. En effet, la volonté placée entre son principe a priori, qui est formel, et ses mobiles.a posteriori, qui sont matériels, est comme entre deux routes ; et, comme il faut qu’elle soit déterminée par quelque chose, elle obéira au principe formel du vouloir en général quand l’action sera faite par devoir, puisque, dans ce cas, tout pritî cipe matériel lui est enlevé.’

Une troisième proposition se dégage des deux précédentes, cl je la formule ainsi : le devoir est la nécessité d’accomplir une action par respect pour la loi. L’objel, considéré comme effet de l’action que je me propose, peut bien m’inspircr de Vinclination, mais jamais du respect, cl cela précisément parce qu’il s’agit d’un effet et non de l’activité’d’une volonté. De même je ne puis avoir de respect pour une inclination en général, qu’il s’agisse de la mienne ou de celle d’un autre ; je peux tout au plus l’approuver dans le premier cas et, parfois même, dans le second, l’aimer, c’est-à-dire la considérer comme favorable à mes intérêts. Il n’y a qu’une chose qui puisse devenir l’objet de mon respect et, par suite, un ordre pour moi, c’est cequi se rattache à ma volonté seulement comme principe et jamais comme effet, ce qui n’est pas utile à mes inclinations mais les dompte oit du moins les exclut totalement de la délibération et de la décision, c’est-à-dire la loi