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FONDEMENTS DE LA MÉTAPHYSIQUE DES MŒURS.


réunir sans faire de mauvaise besogne ? Mais je me borne ici à demander si la nature même de la science n’exige pas que l’on sépare toujours soigneusement la partie empirique de la partie rationnelle, qu’avant la Physique proprement dite (empirique) on place une Métaphysique de la nature, avant l’Anthropologie pratique, une Métaphysique des mœurs, soigneusement épurée de tout élément empirique. Ce serait le seul moyen de savoir de quoi la raison pure est capable dans les deux cas et à quelles sour is elle puise ellemême son enseignement a priori. Cel’e tâche pourrait d’ailleurs être remplie soit par tous les professeurs de morale (dont le nom est légion), soit seulement par quelques-uns qui se sentiraient pour cela une vocation. N’ayant en vue maintenant que la philosophie proprement morale, je restreins la question posée tout h l’heure au point suivant : Ne pense-t-on pas qu’il esl, de la plus absolue nécessité de constituer une bonne fois une Philosophie morale pure, entièrement débarrassée de tout élément empirique appartenant à l’Anthropologie. Qu’une pareille philosophie puisse exister, c’est ce qui résulte avec évidence de l’idée même que tout le monde se fait du devoir et de la loi morale. Tout le monde est contraint d’avouer qu’une loi, pour avoir une valeur morale et fonder une obligation, doil avoir le caractère d’une absolue nécessité, que le commandement : « lu ne dois pas mentir », n’est pas seulement valable pour les nommes, mais que, s’il y a d’autres êtres raisonnables, ils doivent s’y conformer ; qu’il en est de même de toutes les lois morales proprement dites, que, par conséquent, le principe de l’obiigalion ne doit pas être ici cherché dans la nature de l’homme, ni dans les circonstances extérieures où il se trouve placé, mais a priori dans les seuls concepts de la raison pure, et que touL aulrc précepte, fondé sur les principes de la seule expérience, en admettant