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INTRODUCTION


à la loi morale 1 », car cetlo liberté que la Critique de la liaison pure déclarait seulement possible devient ainsi une réalité el la notion de notre personnalité qui restait incomplète à la fin de la Critique de la liaison pure se trouve ainsi achevée. Mais il déclare qu’il n’y a i>as d’autre preuve de la loi morale.

6° La liberté et la causalité naturelle. — Il n’y avait donc dans la pensée do Kant aucune contradiction entre sa théorie de la connaissance cl sa morale. Bien au contraire la morale, telle qu’il la concevait, complétait la théorie de lu science. H y a pourlant conlre l’unité de la philosophie kantienne une difficulté qui est souvent considérée comme la plus grave el à laquelle Kant, chose singulière, ne parait pas avoir attaché une importance capitale : Comment l’homme, qui, en (ont que phénomène, esl soumis à la causalité naturelle, peut-il obéir en même temps à la causalité intelligible ? On sait que Kant n’admel aucune exception dans le monde des phénomènes à la loi de la causalité empirique, f S’il nous élait jiossihle, écrit-il dans un passage célèbre de la Critique de la liaison pratique, de pénétrer l’àme d’un homme assez profondément pour connaître tous les mobiles même les plus légers qui i » euveiit la déterminer cl de tenir compte en même temps de toutes les circonstances exlérieures qui peuvent agir sur elle, nous pourrions calculer la conduite future de cet homme avec autant de certitude qu’une éclipse de lune ou de soleil 1 cl il ajoute : t tout en continuant de le déclarer libre* ». Il faut pour cela qu’une même action, exécutée dans le monde des phénomènes par notre volonté, puisse dépendre à la fois de la causalité empirique, comme l’exige l’entendement, cl de la causalité intelligible, comme l’exige la raison pratique. Voilà le problème. Toule la difficulté vient seulement, suivant Kant, de ce que nous n’avons pas d’intuitions du transcendant. Si nous avions de telles intuitions nous verrions que toute la chaîne des phénomènes qui composent notre conduite empirique dépend d’un choix libre de la volonté nouménale, sans que ces phénomènes

I. Voir Critique de la li. pratique — Principes de ta raison pure pratique — Barni, p. 2O3-20i : Picavet, p. 80-81. s. Trad. Borni, p. 2S9 ; Picavet, p. 179.