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LA MORALE DE KANT


tant, pour fonder une morale solide, sera d’établir que cet inqiérutif n’est pas une illusion et qu’il exprime une loi réelle. C’est ce que Kant essaiera de faire dans la troisième section des Fondements et dans la Critique de la Raison pratique. Nous y arriverons tout à l’heure.

4° Les trois formules de l’impératif catégorique ; l’Autonomie de la volonté. — Avant d’aborder celte légitimation, nous supposerons provisoirement que l’impératif catégorique exprime une loi véritable, et ce qui peut nous y autoriser c’est le témoignage de la conscience naïve et populaire qui est convaincue que le bien moral consiste à obéir à une loi qui n’a pas d’objet empirique. L’homme que nous estimons tous n’esl-il | « s celui que nous savons rajKible de faire son devoir pour celle simple raison que le devoir est le devoir ? Supjmsonsdonc la réalité de la loi de l’impératif catégorique et lâchons de découvrir ce que cette loi peut ordonner. Naturellement, pour remplir cette nouvelle lâche, il faudra détourner nos yeux de la nature empirique, qui ne peut rien nous apprendre du devoir et nous efforcer de donner une malière h l’impératif catégorique, sans faire autre chose que d’analyser et de développer logiquement ce concept d’impératif.

a. La première formule. — Demandons-nous d’abord do quelle nalure |>eut être celte loi. Comme on ne |>cut la déterminer par aucun objet, il faut la déterminer par sa forme. Or celle forme ne peut être que la légitimité universelle de l’action. La loi de la volonté intelligible ne peut être variable comme les lois de la volonté sensible, car dans le monde intelligible on ne peut plus concevoir cette diversité qui est le caractère des phénomènes soumis aux formes de Temps et d’Espace, l’unité est la loi des purs noumènes. Dès que je conçois un impératif catégorique, dit Kunl, je sais aussitôt ce qu’il contient. Car l’impératif ne contenant, outre la loi, que la nécessite de se conformer à celle loi et cette loi n’étant subordonnée à aucune condition qui la limite, il ne reste plus que l’universalité de cette loi. » D’où la première formule de l’impératif’catégorique’.'Agis comme si la maxime de ton action devait par la volonté être érigée en loi universelle. Le caractère d’une loi des noumènes étant l’universalité, le seul moyen que nous ayons de faire régner cette loi dans le monde des phénomènes est d’imposer à notre volonté sensible