Page:Kant-Fondements de la métaphysique des moeurs, trad. Lachelier, 1904.djvu/23

Cette page n’a pas encore été corrigée
xi
LA MORALE DE KANT


raient d’être sans objet. On peut donc dire que la Critique de la Raison pure a pour but de légitimer des croyances religieuses et morales que le dogmatisme vulgaire compromettait d’une manière irrémédiable. C’est ce qui ressort de nombreux passages et tout particulièrement de quelques-unes des dernières pages de cette Méthodologie transcendantale qui termine la Critique. Kant y parle de la possibilité’et même de la nécessité de ce qu’il appelle une foi morale h l’existence de Ilîeu et à l’immortalité ; Une telle conviction, dit-il, n’est pas une certitude logique, la Dialectique l’a prouvé, niais c’esl une certitude morale et celte certitude se fonde avant tout sur le sentiment même du devoir, que nous avons tous, ce môme sentiment dent Kant partira dans les Fondements, lire ! la Critique de la liaison pure a détruit la science pour laisser place à la croyance Cl c’est à la position du problème moral et religieux qu’elle aboutit. C’est à la morale qu’il appartiendra de donner une valeur objective à ces idées que la raison concevait sans pouvoir en démontrer la réalité.

2° Le problème moral et les anciennes solutions qui en ont été données. — La question à laquelle répond tout système de inorale |>eut êlre formulée 1res simplement de la manière suivante : Qu’est-ce qu’une bonne volonté ? Or A celte question deux réponses ont été faites dès l’antiquité : 1" La bonne volonté est la volonté qui cherche le plaisir ou le bonheur : 2° la bonne volonté est la volonté qui s’efforce de réaliser en nous l’humanité parfaite, achevée.

Contre la première de ces réponses, Kant dirige toute une série d’arguments qui sont devenus classiques et que la philosophie spiritualistc s’est appropriés, pour défendre une thèse, d’ailleurs différente de celle de Kunt,

Ile ces arguments, celui auquel Kanl semble ullucher le plus d’importance est un argument fondé sur l’idée de finalité. Le principe de finalité exige que toiiles mis facullés. comme tous nos organes, aient une raison d’être, une lin. Or la raison, qui caractérise l’homme, n’a pu lui être donnée pour résoudre le problème du bonheur, car elle y réussit infiniment moins bien que l’instinct animal. Si donc l’homme purtici|>e A la raison, c’est que sa destinée n’est pas de se procurer ici-bas la plu » grande somme de satisfaction pos-