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TROISIÈME SECTION


mais encore il est nécessaire sans autre condition, pour un être raisonnable, qui a conscience d’être uno causalité déterminée par la raison, par suite une volonté (bien différente des désirs) de l’admettre pratiquement, c’est-à-dire en idée, commo condition do toutes ses actions volontaires. Pour ce qui est maintenant d’expliquer comment la raison pure, sans autres mobiles, quelle qu’en puisso être l’origine, peut être pratique par elle-même, c’est-à-dire comment lo seul principe de la valeur universelle de toutes sesmaximes considérées comme lois (el telle serait bien la forme d’une raison pure pratique), sans aucune matière (objet) do la volonté à laquelle on puisse par avance prendre quelque intérêt, peut fournir, par lui-même, un mobile d’action, clévcillerun intérêt que l’on puisso vraiment appeler moral, ou, en d’autres termes, comment la raison pure peut être pratique, c’est une chose que la raison humaine est à jamais incapable de faire et toute la peine, tous les efforts qu’elle pourrait consacrer à la rechercho do cetto explication seraient perdus.

C’est à peu près, comme si je m’ingéniais à expliquer la possibilité de la liberté elle-même commo cause d’une volonté ; car-ici j’abandonne le principe philosophique d’explication et n’en ai point d’autre. Je pourrais, il est vrai, m’aventurer dans le monde intelligible, qui me reste encore commo ressource, dans lo mondo des intelligences ; mais, bien que j’aie de ce monde une idée, qui a un fondement solide, je n’en ai pas la moindre connaissance, et quels que soient les efforts de la faculté naturelle que j’ai do raisonner, je ne puis parvenir à la connaître 1. Celle idée signifie seulement un quelque chose qui subsiste après que j’a exclu des

i. Nous connaissons les phénomènes en leui’imposant les catigoI

catigoI et nous avons l’idée de réalités t transcendantes sans les connaître.