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FONDEMENTS DE LA MÉTAPHYSIQUE DES MŒURS.


n’est donc qu’une iWede la raison, dont la réalité objective en elle-même est douteuse, tandis que la nature est un concept de l’entendement dont la réalité se démontre et doit se démontrer nécessairement pailles exemples empiriques.

Il y a là pour la raison matière à dialectique 1, car la liberté qui est attribuée à la volonté semble être en contradiction avec la nécessité de la nature. Toutefois, bien qu’au point de vue spéculatif la raison, placée pour ainsi dire entre deux chemins, trouve celui de la nécessité naturelle mieux tracé et plus praticable que celui de la liberté, pourtant, nu point de vue pratique, la voie étroite de la liberté est la seule où nous puissions faire usage de notre raison pour agir ou ne pas agir. C’est pourquoi il est aussi impossible à la philosophie la plus subtile qu’à la raison la plus vulgaire d’écarter la liberté par des sophismes. Il aut donc supposer qu’il n’y a pas de contradiction véritable entre la liberté et la nécessité naturelle ; car on ne peut pas plus renoncer au concept de la nature qu’à celui de la liberté.

En attendant il faut tout au moins dissiper celte contradiction apparente d’une manière convaincante, quand même on n’arriverait jamais à comprendre comment la liberté est possible. Car, si l’idée de liberté était en contradiction avec elle-même ou avec l’idée de la nature, qui est tout aussi nécessaire, il faudrait, l’abandonner résolument en faveur de la nécessité naturelle.

Or il est impossible d’échapper à cette contradiction

1. La dialectique résout des autonomies, c’est-à-dire des Contradictions. Or, Kant se trouve ici en présence de deux concepts contradictoires qui s’imposent tous les deux a nous avec une égale nécessité. Pour résoudre celte contradiction,

contradiction, rapporte ces deux concepts à deux mondes différents, le concept de causalité appartenant au monde des phénomènes et le concept de liberté appartenant au monde des noumènes.