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TROISIÈME SECTION


caractère d’une volonté obéissant à des lois naturelles, n’échappe pourtant pas à toute espèce de lois’; c’est au contraire uno causalité d’après des lois immuables, mais d’une espèce particulière, car, autrement, une volonté libre serait une absurdité. La nécessité naturelle était, pour les causes efficientes, une hétéronomie ; car, pour que l’effet pût se produire, une condition était nécessaire, à savoir quo la cause efficiente fût déterminée à l’action par quelque chose d’étranger. Que peut donc être la liberté do la volonté sinon l’autonomie, c’est-àdire le caractère qui appartient à la volonté d’être à elle-même sa propro loi ? Mais la proposition:la volonté est à elle-même, dans toutes nos actions, sa propre loi, n’est qu’une autre formule du principe qui nous défend d’agir d’après une maxime qui ne puisse vouloir s’ériger elle-même en loi universelle. Or cetto formule est justement celle do l’impératif catégorique et le principe de la moralité; ainsi une volonté libre et uno volonté soumise à des lois morales, c’est tout un.

Si donc la liberté de la volonté est supposée, une simple analyse de son concept en fait sortir la moralité avec sou principe. Ce principe n’en n’est pas moins toujours une proposition synthétique : une volonté absolument bonne est une volonté dont la maxime peut toujours renfermer dans son sein une loi universelle, qui n’est autre que cetto maxime même, car l’analyse du concept d’une volonté absolument bonne ne nous donne nullement cette propriété de sa maxime *. Mais des propositions synthétiques de ce genre ne sont possibles que si les deux notions qu’elles contiennent

1. Une liberté d’indifférence serait absurde.

2. Ce point a été expliqué plus haut. L’idée d’une volonté absolument bonne n’est pas identique à l’idée d’une volonté dont la maxime est une loi universelle. Il y a là une synthèse dont il faut trouver le principe. Ce principe ce sera l’idée de liberté.