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FONDEMENTS DE LA MÉTAPHYSIQUE DES MŒURS.


et n’évite guère de supposer tacitement celto moralité qu’il doit expliquer *)• I-oconcept do la perfection n’en est pas moins préférable au concept théologique qui fait dériver la moralité do la volonté infiniment parfaite de Dieu et cela pour deux raisons : d’abord, parce que, n’ayant pas l’intuition de la perfection divine, nous ne pouvons en dériver l’idée que do nos propres concepts, parmi lesquels se trouve au premier rang celui « le la moralité*, ensuite parce que, si nous ne procédons pas ainsi (ce qui serait commettra un cercle grossier dans notre explication), le seul concept qui nous reste, celui de la volonté divine, que nous nous représentons mue par l’amour do la gloire et de la domination et à laquelle nous associons l’image terrible de la passioii, de la puissance et de la jalousie*, nous conduirait a un système de morale absolument opposé à la moralité. Si j’avais à choisir entre lo concept du sens moral et celui de la perfection en général (concepts qui au moins ne causent aucun préjudice a la moralité, bien qu’ils ne suffisent guère à lui fournir une base solide), je me déciderais pour le dernier parce qu’il porte devant le tribunal de la raison pure la question morale, enlevant à la sensibilité lo droit de la trancher, et que, s’il n’arrive parcelle loi à aucune solution et laisse dans l’indétermination’l’idée (d’une volonté bonne en

i. Le bien, dit-on, c’est la perfection, par exemple l’épanouissement de nos facultés, mais d’après quel principe déclarez-vous que cet achèvement de l’être est le bien ? évidemment d’après un principe supérieur à la perfection elle-même. Dans la Métaphysique tien mteur*, Kant fera de la perfection l’objet des devoirs envers nous-mêmes, en appelant perfection le développement des facultés qui rendent possible la bonne volonté. L’idée de perfection s ? ra ainsi fondée sur celle de devoir

et non l’idée de devoir sur l’idée de perfection.

8. Le bien est ce que Dieu veut, mais qu’est-ce que Dieu veut ? Pour répondre à celte question nous partons d’une certaine idée que nous avons du bien. Dieu, par exemple, ordonne la charité, disons-nous, mais c’est que d’après l’idée que nous nous faisons du bien, nous jugeons la charité bonne.

3. Le texte porte Xacheifer », jalous : e : liacheifer », désir de vengeance ferait peut-être un meilleur sens.