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FONDEMENTS DE LA MÉTAPHYSIQUE DES MŒURS.


du principo du bonheur, s’appuient sur la sensibilité physique on morale ; les seconds, empruntés au principo do \a perfection, reposent, ou bien surlo concept rationnel do cette perfection, considérée comme effet possible do notre volonté, ou bien sur le concept d’uno perfection existant en soi (sur la volonté do Dieu) commo causo déterminante do notre volonté.

Les principes empiriques no sont jamais propres à fonder des lois morales. Car l’universalité’qui rend ces lois valables pour tous les êtres raisonnables sans distinction, la nécessité pratique inconditionnelle qui leur est attribuée par là même, s’évanouissent des qu’on les fonde sur la constitution particulière île la nature humaine ou sur les circonstances contingentes où cette nature se trouve placée. Mais lo principe qu’il faut rejeter avant tous les autres, c’est le principe du fco>iheur personnel*, et cela non seulement parce qu’il est faux et que l’expérience contredit celle proposition que le bien-être correspond toujours h la bonne conduite, non seulement parce qu’il ne fournil aucune base a la moralité, car autre chose est de rendre un homme heureux ou de le rendre bon, d’en faire quelqu’un d’avisé et d’attentif à ses intérêts ou quelqu’un de vertueux ; mais encore parce qu’il donne comme fondement à la morale des inclinations qui la minent bien plutôt et détruisent toute sa sublimité, car elles rangent dans la même classe les mobiles de la vertu et ceux du vice et nous apprennent seulement à mieux calculer, détruisant toute distinction spécifique entre ces deux espèces de mobiles*. Pour ce qui est du sentiment moral 5,

1. L’utilitarisme a toujours été pour Kant la négation même de la morale.

3. En effet, si le bonheur est le but, il n’y a que des calculs bien ou mal faits, il n’y a plus d’intentions bonnes ou mauva ises etf elles-mêmes.

3. Sbafteshury (1671-1713, Recherches tur la terlu et le mérite admet des sentiments rationnels parmi lesquels se trouve le sentiment du bien et du mal, tout a fait analogue au sentiment du beau et du laid.