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DEUXIÈME SECTION

3) Une détermination complète* qui, pour toutes les maximes, s’exprime dans celte formule : que toutes les maximes émanant de notre propre législation doivent s’accorder avec l’idée d’un règne possible des fins conçu comme un règne de la nature*. Nous procédons ici en quelque sorte suivant les catégories de l’Unité de la forme de la volonté (universalité de celle volonté), de la Pluralité de la matière (des objets, c’est-à-dire des fins) et de la Totalité, c’est-à-dire du système des fins pris dans son ensemble*. Mais lorsqu’il s’agit déjuger moralement, on fera mieux de suivre toujours la méthode la plus rigoureuse et de partir toujours de la formule universelle de l’Impératif catégorique : Agis iVaprès une maxime qui puisse d’elle-même se transformer en loi universelle. Mais, pour donner à la loi morale un accès plus facile dans nos cœurs, il est très utile de faire passer une seule et même action par les

  • La li’léologie Considère la nature comme un règne des fins ; la morale considère un règne possible des fins comme un règne de la nature. D’un coté le règne des fins est une idée théorique pour expliquer ce qui est, de l’autre c’est une idée pratique pour réaliser ce qui n’est pis, mais peut devenir réel par notre conduite, el cela d’une manière conforme à celle conception même s. (N. de K.)

1. Ce mot s’explique par ce qui suit : l’idée de la totalité des fins, r’est-à-dire du système des êtres lins en soi, pris dans son ensemble, détermine complètement le devoir. Celle détermination complète correspond à la troisième formule de l’impératif catégorique.

2. Ici apparaît une préoccupation tout à fait caractéristique chez Kant, celle d’établir mi parallélisme entre les catégories de la quantité et les formules de l’impératif catégorique. Nous ne pouvons, suivant Kanl, penser une chose de la nature qu’aux conditions suivantes : que nous puisions ! • la concevoir

comme une unité (catégorie de Yunilê) ; V y discerner une pluralité de parties (catégorie de la pluralité) ; 3’rassembler ces parties dans un tout, en en faisant la synthèse, et reconstituer l’unité primitive (catégorie de la totalité). De même, pour penser l’Impératif catégorique, nous le concevons d’abord comme unité (première formule), ensuite comme pluralité, en considérant toutes les fins auxquelles il s’applique (deuxième formule), enfin, — comme totalité, en rassemblant ces lins, dans ce tout que Kanl appelle le règne des lins (troisième formule). 3. Cette idée que l’humanité,