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DEUXIÈME SECTION


pas les couronner. Ces actions ne réclament aucune recommandation de la part de quelque disposition ou de quelque goût subjectifs, propres à nous les faire envisager immédiatement avec plaisir el avec faveur ; elles ne supposent aucun penchant immédiat, aucun sentiment qui jiorte à les accomplir, elles nous représentent la volonté qui les accomplit comme l’objet d’un respect immédiat* ; la raison seule suffit pour les imposer à notre volonté et non pour les obtenir jxtr flatterie, ce qui en outre, quand il.s’agit de devoirs, serait contradictoire. Cette estimation nous fail considérer la valeur « le celle manière de penser comme une dignité, qui l’élève infiniment au-dessus « le tout prix. On ne pourrait d’ailleurs la mettre en balance et la comparer avec ce qui a un prix sans porter atteinte à sa sainteté.

Mais qu’est-ce donc qui autorise l’intention moralement— bonne ou la vertu à élever de si hautes prétentions ? Ce n’est rien de moins que le droit qu’elle donne à.l’être raisonnable de participer à lit législation universelle et de mériter ainsi le rang « le membre dans un règne possible des fins. Il y était d’ailleurs prédestiné par sa propre nature, comme fin en soi, et, juste ment pour celte raison, comme législateur dans un règne des fins, comme libre à l’égard de toutes les lois de la nature et n’obéissant qu’à celles qu’il s’impose à luimême, à celles qui donnent à ses maximes le caractère d’une législation universelle (à laquelle il se soumet lui-même). En effet, la seule valeur qu’une chose puisse posséder esl celle que la loi lui confère. Mais la législation qui détermine toute valeur doit avoir, à cause de cela même, une dignité, c’esl-à-dire une valeur inconditionnelle à laquelle rien ne peut se comparer, et seul lemol’de respect peut exprimer l’estime qu’un être

4. Le mot unmittelbar, (rois fois répété par Kant.