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FONDEMENTS DE LA MÉTAPHYSIQUE DES MŒURS.


Or une pareille idée ne peut dériver que de la raison pure. En effet, le principe de toute législation pratique réside objectivement dans la règle et dans la forme « le l’universalité, qui en fait un système de lois véritables (lois do la nature) d’après le premier principe ; subjectivement il réside dans le but. Mais le sujet de toutes les fins c’est, d’après le second principe, chaque être raisonnable comme fin en soi. De là résulte le Iroisièmo principo pratique « le la volonté, comme condition suprême de l’accord de celte mémo volonté avec la raison pratique universelle, à savoir l’iïtVe de la volonté de chaque être raisonnable conçue comme volonté législatrice universelle*.

D’après ce principe nous rejetons toutes les maximes qui ne peuvent s’accorder avec la législation universelle propre à chaque volonté. La volonté n’est donc pas simplement soumise à la loi, elle y est soumise de telle façon qu’elle soit législatrice* et c’est dans ce sens seulement qu’elle doit être regardée comme subordonnée à cette loi (dont elle peut so considérer comme l’auteur).

Les impératifs, tels que nous venons de. les représenter, c’est-à-dire constituant une législation pratique semblable en général à l’ordre de la nature 3, ouaccor1.

ouaccor1. avons expliqué dans l’Introduction comment cette troisième formule de l’Impératif se déduit des deux premières par une sorte de synthèse, procédé cher à Kant.

2. Cette idée de volonté législatrice va conduire Kanl à un principe qu’il déclare fondamental et nui est, en effet, pour lui la clef de toute la moralité, le principe de iVtufoiiotnfe, identique à la liberté.

3. Kant assimile volontiers les lois de la morale aux lois de la nature, par exemple quand il dit :

« Toute chose dans la nature agit suivant des lois, seul un être raisonnable agit d’après la représentation des lois. • (P. 40). Dans son esprit les lois morales constituent la législation naturelle des Noumènes, comme les lois physiques constituent la législation naturelle des phénomènes, et même les deux systèmes des lois pourraient avoir, quoi qu’on ne puisse pas le démontrer, la même origine dans le principe transcendant de l’unité universelle. Seulement, tandis que la volonté phénomène obéit nécessairement a la législation empirique,