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FONDEMENTS DE LA MÉTAPHYSIQUE DES MŒURS.


promesse, ne pouvant en aucune façon consentir aux procédés que je veux employer à son égard, ne contient donc pas en lui-même la fin de cette action. Celte violation du principe « le l’humanité chez autrui est encore plus frappante si l’on prend pour exemples des attentats contre la liberté ou la propriété des autres. Car alors, il esl « ’vident que celui qui viole les droits îles hommes a l’intention de se servir de la personne des autres comme d’un simple moyen, sans considérer que des personnes raisonnables doivent —toujours être traitées aussi comme des lins, c’est-à-dire’-doivent pouvoir contenir en ellesmêmes la fin de celte même action*.

En troisième lieu, pour ce qui esl du devoir contingent (méritoire) envers soi-même, il ne suffit pas que notre action ne soit pas on contradiction avec l’idéo de l’humanité dans notre personne considérée comme fin en soi, il faut encore qu’elle s’accorde avec celte idée. Or, il y a dans l’humanité des dispositions à une plus grande perfection’, lesquelles se rapportent aux fins que la nature poursuit-’"relativement— à-l’humanité dans

  • On ne doit pas imaginer ici que le précepte vulgaire:quod tibi non vis ficri [ce que tu né veux pas que l’on te fasse, etc.], puisse servir de règle directrice. Car ce précepte ne peut dériver que du nôtre, et encore avec différentes restrictions ; il ne peut devenir loi universelle, car il ne contient pas le principe des devoirs envers soi-même ni celui des devoirs de charité envers autrui (car bien des personnes renonceraient volontiers à la bienfaisance des autres hommes, à la condition d’être dispensées de se montrer bienfaisantes pour eux), il ne conlienl pas non plus le principe des devoirs de justice envers autrui ; car le criminel pourrait en tirer argument contre le juge qui le punirait. (N. de K.)

t. Kanl parle ici un langage qui ressemble singulièrement à celui des moralistes de la perfection. La (in de noire activité doit être le plus grand développement possible de la personne raisonnable en nous. Mais pour lui cette perfection est une fin qui n’a rien d’empirique, rien de naturel, comme dans la morale de

Il perfection; ce n’est pas l’épanouissement de l’ensemble de nos facultés pour elles-mêmes, c’est l’affranchissement de lonl ce qui est empirique, afin de réaliser ce qu’il appellera, dans la Critique de la Raison pratique, la sainteté de la volonté. Voir Doctrine de la vertu, i" Division.