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DEUXIÈME SECTION


inconditionnée de l’action ; il doit donc être valable pointons les êtres raisonnables (les seuls auxquels un impératif puisse s’appliquer), et e’ealpourceln seulement qu’il peut être une loi pour toute volonté humaine ; au contraire toul ce qui dérive de la constitution particulière de l’humanité, de certains sentiments ou penchants, ou même, en supposant que cela soit possible, d’une « lisposition particulière qui serait propre à la raison humaine el ne s’appliquerait pas nécessairement à la volonté de tout être raisonnable,’tout’cela peut bien donner lieu à une maxime valable pour nous seuls, mais non à une loi ; à un principe subjectif que nous sommes peut-être inclinés à suivre, mais non à un principe objectif d’après lequel nous sommes tenus d’agir en dépit de tous nos penchants, tendances et dispositions naturelles. Bien plus la sublimité, la dignité intime du commandement du devoir éclate d’autant plus que nous sommes moins aidés par les motifs subjectifs, que nous sommes davantage contrariés par eux, sans qu’ils réussissent pourtant à affaiblir le moins du monde la nécessité de la loi ni à rien enlever à sa valeur.

La philosophie nous apparaît ici dans une fâcheuse situation : cherchant un point d’appui solide, elle ne peut ni trouver dans le ciel un point où se suspendre ni prendre pied sur la terre 1 [1]. Il faut donc qu’elle montre toute sa pureté en tirant d’elle-même ses propres lois au lieu de se faire le héraut de celles que lui suggère un sens inné ou je ne sais quelle nature tutélairc ; car toutes celles-ci ensemble, quoique valant sans tloute mieux que rien, seraient incapables de fournir des principes que puisse dicter la raison et auxquels leur origine purement a— priori puisse assurer

  1. 1. Unerachtet er werder im Himmel, noch auf der Erde an et was gehängt oder woran gestützt wird.