Page:Kant-Critique de la raison pratique, trad. Barni, 1848.djvu/86

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
77
DE LA MÉTAPHYSIQUE DES MŒURS


des lois ; mais on ne voyait pas qu’il n’est soumis qu’à une législation qui lui est propre, mais qui est en même temps universelle, et qu’il n’est obligé d’obéir qu’à sa propre volonté, mais à sa volonté constituant une législation universelle, conformément à sa destination naturelle. En effet, si l’on se bornait à concevoir l’homme soumis à une loi (quelle qu’elle fut), il faudrait admettre en même temps un attrait ou une contrainte extérieure, en un mot un intérêt qui l’attachât à l’exécution de cette loi, puisque, ne dérivant pas comme loi de sa volonté, elle aurait besoin de quelque autre chose pour le forcer à agir d’une certaine manièro. C’est cette conséquence nécessaire qui rendait absolument vaine toute recherche d’un principe suprême du devoir. Car on ne trouvait jamais le devoir, mais seulement la nécessité d’agir dans un certain intérêt. Que cet intérêt fut personnel ou étranger, l’impératif était toujours conditionnel et ne pouvait avoir la valeur d’un principe moral. J’appellerai donc ce dernier le principe de l’autonomie de la volonté, pour le distinguer de tous les autres, que je rapporte à l’hétéronomie.

la concept d’après lequel tout être raisonnable doit se considérer comme constituant, par toutes les maximes de sa volonté, une législation universelle, pour se juger lui-même et juger ses actions de ce point du vue, ce concept conduit a un autre qui s’y rattache et qui est tres-fécond, à savoir au concept d’un règne des fins *[1].

  1. * eines Reiches der Zwecke