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FONDEMENTS


qui se rapporte à quelque chose d’empirique doit donc être écarté, puisque, si la raison détermine la conduite par elle seule (et c’est précisément ce dont nous avons maintenant à rechercher la possibilité), elle doit nécessairement le faire a priori.

On conçoit la volonté comme une faculté de se déterminer soi-même à agir conformément à la représentation de certaines lois. Une telle faculté ne peut se rencontrer que dans des êtres raisonnables. Or ce qui sert de principe objectif à la volonté, qui se détermine elle-même, est le but 1[1], et, quand ce but est donné par la raison seule, il doit avoir la même valeur pour tous les êtres raisonnables. Au contraire ce qui ne contient que le principe de la possibilité de l’action, dont l’effet est le but même qu’on se propose, s’appelle le moyen. Le principe subjectif du désir est le mobile 2[2] ; le principe objectif du vouloir le motif 3[3] ; de là la distinction des fins subjectives, qui reposent sur des mobiles, et des fins objectives, qui se rapportent à des motifs, ayant la même valeur pour tous les êtres raisonnables. Les principes pratiques sont formels 4[4], quand ils font abstraction de toute fin subjective ; matériels 5[5], quand ils reposent sur des fins subjectives, par conséquent sur certains mobiles. Les fins qu’un être raisonnable se propose à son gré comme effets de son action (les fins matérielles) ne sont jamais que relatives ; car elles ne tirent leur valeur que de leur

  1. 1 But ou fin. Ces deux mots peuvent traduire également le mot allemand Zweck. Je me servirai de l’un et de l’autre. J. B.
  2. 2 Triebfeder.
  3. 3 Bewegungsgrund.
  4. 4 formal.
  5. 5 material.