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FONDEMENTS

crainte du déshonneur, peut-être aussi une vague appréhension d’autres dangers exerce une influence secrète sur la volonté. Comment prouver par l’expérience l’absence d’une certaine cause, puisque l’expérience ne nous apprend rien de plus, sinon que nous ne le percevons pas ? Mais, dans ce cas, le prétendu impératif moral, qui, comme tel, semble catégorique et absolu, ne serait dans le fait qu’un précepte pragmatique, qui nous enseignerait uniquement à prendre notre intérêt en considération.

Il faut donc rechercher a priori la possibilité d’un impératif catégorique, puisque nous n’avons pas ici l’avantage de pouvoir en trouver la réalité dans l’expérience, et de n’avoir qu’à expliquer cette possibilité sans avoir besoin de l’établir. En attendant, on peut remarquer que seul l’impératif catégorique se présente comme une loi pratique, tandis que tous les autres ensemble ne peuvent être appelés des lois. mais seulement des principes de la volonté. C’est qu’en effet ce qu’il est nécessaire de faire uniquement pour atteindre un but arbitraire peut être considéré en soi comme contingent, et que nous pouvons toujours nous affranchir du précepte en renonçant au but, tandis que l’impératif inconditionnel ne laisse pas à la volonté le choix arbitraire de ! a détermination contraire, et, par conséquent, renferme seul cette nécessité que nous voulons trouver dans une loi.

En second lieu la difficulté que présente cet impératif catégorique ou la loi de la moralité (la difficulté d’en apercevoir la possibilité), est très-grande. Cet im-