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FONDEMENTS


la fin, veut (si la raison exerce une influence décisive sur sa conduite) les moyens indispensablement nécessaires, qui sont en son pouvoir. Cette proposition est, en ce qui concerne le vouloir, analytique ; car dans l’acte par lequel je veux un objet, comme mon effet, est déjà impliquée ma causalité, comme causalité d’une cause agissante, c’est-à-dire l’emploi des moyens, et l’impératif déduit le concept d’actions nécessaires pour cette fin du concept même de l’acte qui consiste à vouloir cette fin. Il est vrai que, pour déterminer les moyens qui peuvent conduire au but qu’on se propose, il faut avoir recours à des propositions entièrement synthétiques ; mais ces propositions ne concernent pas le principe, l’acte de la volonté, mais l’objet à réaliser. Ainsi, par exemple, que, pour diviser, d’après un principe certain, une ligne droite en deux parties égales, il faille, des deux extrémités de cette ligne, décrire deux arcs de cercle, c’est là sans doute ce que les mathématiques nous enseignent par des propositions synthétiques, mais que, sachant qu’il n’y a pas d’autre moyen pour produire l’effet qu’on se propose, on veuille ce moyen, si on veut véritablement cet effet, c’est là une proposition analytique ; car me représenter une chose comme un effet que je puis produire d’une certaine manière, et me représenter moi-même, relativement cette chose, comme agissant de cette manière, c’est tout un.

S’il était aussi facile de donner un concept déterminé du bonheur, les impératifs de la prudence ne différeraient pas de ceux de l’habileté et seraient éga-