Page:Kant-Critique de la raison pratique, trad. Barni, 1848.djvu/52

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
43
DE LA MÉTAPHYSIQUE DES MŒURS


ou pour la pure spéculation, mais aussi de la plus haute importance sous le rapport pratique de puiser ces concepts et ces lois à la source de la raison pure, de les présenter purs et sans mélange, et même de déterminer toute la sphère de cette connaissance pratique rationnelle ou pure, c’est-à-dire toute la puissance de la raison pure pratique ; que, si la philosophie spéculative permet et trouve même quelquefois nécessaire de faire dépendre ses principes de la nature particulière de l’homme, les lois morales devant s’appliquer à tout être raisonnable en général, doivent être tirés du concept général d’un être raisonnable, et que, par conséquent, la morale, qui, dans son application à des hommes, a besoin de l’anthropologie, doit être traitée d’abord tout à fait indépendamment de celle-ci, comme une philosophie ̃pure, c’est-à-dire comme une métaphysique (ce qui peut se faire aisément dans cette espace de connaissance tout abstraite) ; qu’enfin quiconque ne sera pas en possession d’une telle science, non-seulement essaiera vainement d’établir une théorie spéculative, exacte et complète, de la morale du devoir, mais sera même incapable, en ce qui concerne la pratique » ordinaire et particulièrement l’enseignement moral, de fonder les mœurs sur leurs véritables principes, de produire ainsi des dispositions morales vraiment pures, et de préparer les cœurs à l’accomplissement du plus grand bien possible dans le monde.

Pour nous élever dans ce travail par une gradation naturelle, non plus seulement du jugement moral vulgaire (qui est ici fort digne d’estime au jugement phi-