Page:Kant-Critique de la raison pratique, trad. Barni, 1848.djvu/49

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
40
FONDEMENTS


voyants ne trouvent que confusion, et dont ils détournent les yeux avec dégoût, sans pouvoir toutefois y porter remède. Et cependant les philosophes, qui découvrent la fausseté de toutes ces apparences, trouvent peu d’accueil, quand ils demandent à être dispensé, pour quelque temps, de cette prétendue popularité, afin d’acquérir le droit de redevenir populaires, lorsqu’ils auront une fois bien déterminé les principes.

Parcourez les traités de morale composés dans ce goût favori ; vous y trouverez tantôt la destination particulière de la nature humaine (dans laquelle se trouve comprise l’idée d’une nature raisonnable en général), tantôt la perfection, tantôt le bonheur, ici le sentiment moral, là la crainte de Dieu, quelque chose de ceci, mais quelque chose aussi de cela, le tout confondu en un merveilleux mélange, sans qu’on s’avise jamais du se demander si les principes de la moralité doivent être cherchés dans la connaissance de la nature humaine qui ne s’acquiert que par l’expérience), et, puisqu’il n’en est pas ainsi, puisque ces principes sont tout à fait a priori, purs de tout élément empirique, et doivent être cherchés uniquement dans les concepts purs de la raison, et nulle part ailleurs, en quoi que ce soit, sans qu’on songe à faire de cette étude une philosophie pratique pure, ou une métaphysique 1[1] des mœurs

  1. 1 On peut, si l’on veut (comme on distingue les mathématiques pures des mathématiques appliquées, la logique pure de la logique appliquée, distinguer la philosophie pure (la métaphysique des mœurs) de la phiolosophie appliquée (c’est-à-dire applicable à la nature humaine). Cette distinction a l’avantage de rappeler que les principes morauxne doivent pas être fondés sur les qualités de la nature humaine,