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CRITIQUE DE LA RAISON PRATIQUE.


partagée par d’autres, mais qui nous laisse indifférents à l’existence même de l’objet, celui-ci n’étant considéré que comme une occasion de découvrir en nous des dispositions qui nous élèvent au-dessus de la nature animale *[1]. Il y aura donc un second exercice, qui aura pour but de montrer, par des exemples où l’intention morale apparaît d’une manière vivante, la pureté de la volonté, en la considérant d’abord seulement comme une perfection de cette faculté, c'est-à-dire en montrant que dans une action faite par devoir aucun penchant n’entre comme mobile. Par là on appelle l’attention de l’élève sur la conscience de sa liberté ; et, quoique cette répudiation des penchants de notre nature produis d’abord en lui un sentiment pénible comme elle le soustrait à la tyrannie des besoins, il se voit en même temps délivré de tous les ennuis qui en résultent, et son âme devient capable d’éprouver un sentiment de satisfaction d’un tout autre ordre. Notre cœur se sent délivré et soulagé d’un poids qui l’oppresse toujours secrètement lorsque les exemples de résolutions véritablement morales, qu’on lui propose, lui font découvrir une puissance intérieure, qui ne nous était pus encore bien connue, la liberté intérieure, c’est-à-dire le pouvoir de nous affranchir si bien du joug violent des penchants que pas un, pas même le plus cher, n’influe sur une résolution, qui ne doit émaner que de notre seule raison. Supposez un cas où seul je sache que le tort est de mon côté :

  1. * Cette phrase, jetée ici en passant, contient en germe toute la théorie du beau exposée par Kant dans la Critique du Jugement. J. B.