Page:Kant-Critique de la raison pratique, trad. Barni, 1848.djvu/379

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
370
CRITIQUE DE LA RAISON PRATIQUE.


marionnettes, tout gesticulerait bien, mais où l’on chercherait en vain la vie sur les figures. Or, comme il en est tout autrement, comme, malgré tous les efforts de notre raison, nous n’avons de l’avenir qu’une idée fort obscure et incertaine, comme le maître du monde nous laisse plutôt conjecturer qu’apercevoir et prouver clairement son existence et sa majesté, comme au contraire la loi morale, qui est en nous, sans nous faire aucune promesse ni aucune menace positive, exige de nous un respect désintéressé, sauf d’ailleurs à nous ouvrir, alors seulement que ce respect est devenu actif et dominant et par ce seul moyen, une perspective, bien obscure à la vérité, sur le monde supra-sensible, il peut y avoir une intention véritablement morale, ayant immédiatement la loi pour objet, et la créature raisonnable peut se rendre digne de participer au souverain bien, qui convient à la valeur morale de sa personne et non pas seulement à ses actions. Ainsi ce que l’étude de la nature et de l’homme nous montre d’ailleurs suffisamment pourrait bien ici encore se trouver exact, à savoir que la sagesse impénétrable, par laquelle nous existons, n’est pas moins digne de vénération pour ce qu’elle nous a refusé que pour ce qu’elle nous a donné en partage.


___________