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DU CONCEPT DU SOUVERAIN BIEN.


connaissance d’objets supra-sensibles ; car ces prédicats ne sont autres que l’entendement et la volonté, considérés dans leur relation réciproque, tels qu’on doit les concevoir relativement à la loi morale, et, par conséquent, en tant qu’on en fait simplement un usage pratique pur. On fait alors abstraction de tout ce qui se rattache psychologiquement à ces concepts, c’est-à dire de tout ce que nous observons par l’expérience dans l’exercice de ces facultés (comme, par exemple, que l’entendement de l’homme est discursif ; que, par conséquent, ses représentations sont des pensées et non des intuitions ; qu’elles se suivent dans le temps ; que sa volonté dépend toujours de la satisfaction qui résulte de l’existence de son objet, etc., toutes choses qui ne peuvent se rencontrer dans l’être suprême) ; et, par conséquent, des concepts, par lesquels nous concevons un être purement intelligible, il ne reste que tout juste ce qui est nécessaire pour pouvoir concevoir une loi morale. Si donc nous avons ainsi une connaissance de Dieu, ce n’est qu’au point de vue pratique, et nous tenterions vainement de la convertir en une connaissance théorique, car que trouverions-nous ? Un entendement qui n’est pas discursif, mais intuitif *[1], une volonté qui va à des objets à l’existence desquels son contentement n’est point du tout attaché (je ne parle pas des prédicats transcendentaux, comme, par exemple, la grandeur de l’existence, c’est-à-dire la durée, mais une durée qui ne tombe pas dans le temps, lequel est pourtant le seul moyen possible pour nous de nous représenter

  1. * der nicht denkt, sondern anchau.
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