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CRITIQUE DE LA RAISON PRATIQUE.


conséquent, en faire un usage rationnel théorique, comme il le faudrait pour en avoir une connaissance spéculative. Toutefois la connaissance théorique, non pas à la vérité de ces objets, mais de la raison en général est par là étendue, en ce sens que des objets sont donnés à ces idées par des postulats pratiques, et qu’une pensée purement problématique reçoit ainsi de la réalité objective. Si donc il n’y a pas là une extension de la connaissance relativement à des objets supra-sensibles donnés, il y a pourtant une extension de la raison théorique et de sa connaissance relativement au supra-sensible en général, en tant qu’elle est forcée d’accorder qu’il y a de tels objets, quoiqu’elle ne puisse les déterminer autrement, et, par conséquent, étendre cette connaissance des objets (qui lui sont donnés par un principe pratique, et seulement pour un usage pratique), en sorte que la raison pure théorique, pour qui ces idées sont transcendantes et sans objet, ne doit cette extension qu’à sa faculté pure pratique. Elles de viennent ici immanentes et constitutives par cela même qu’elles servent à nous faire concevoir comme possible la réalisation de l’objet nécessaire de la raison pure pratique (du souverain bien), tandis que sans cela elles sont des principes transcendants et purement régulateurs de la raison spéculative, qui ne lui font pas connaître un nouvel objet au delà de l’expérience, mais lui permettent seulement de donner plus de perfection à la connaissance dans l’expérience même. Mais, une fois que la raison a reçu cette extension, elle doit, comme raison spéculative, traiter ces