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DU CONCEPT DU SOUVERAIN BIEN.


mais une loi par laquelle la raison détermine immédiatement la volonté, et celle-ci, par cela même qu’elle est ainsi déterminée, comme volonté pure, réclame les conditions nécessaires à l’accomplissement de son précepte. Ces postulats ne sont pas des dogmes théoriques, mais des hypothèses *[1] nécessaires au point de vue pratique ; ils n’étendent point, par conséquent, la connaissance spéculative, mais ils donnent en général de la réalité objective aux idées de la raison spéculative (au moyen de leur rapport avec la connaissance pratique), et en font des concepts légitimes, dont sans cela elle ne pourrait pas même s’arroger le droit d’affirmer la possibilité.

Ces postulats sont ceux de l’immortalité, de la liberté, considérée positivement (comme causalité d’un être, en tant qu’il appartient au monde intelligible), et de l’existence de Dieu, Le premier dérive de la condition pratiquement nécessaire d’une durée appropriée au parfait accomplissement de la loi morale ; le second, de la supposition nécessaire de notre indépendance par rapport au monde sensible et au pouvoir de déterminer notre volonté conformément à la loi d’un monde intelligible, c’est-à-dire de la liberté ; le troisième, de la nécessité de supposer comme condition de la possibilité du souverain bien dans un monde intelligible l’existence d’un souverain bien absolu, c’est-à-dire l’existence de Dieu.

L’idée du souverain bien, dont le respect pour la loi morale nous fait nécessairement un but, et,

  1. * Voraussetzungen.