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CRITIQUE DE LA RAISON PRATIQUE.


de son existence ; on ne peut lui trouver un intérêt que dans son extension, et il ne suffit pas pour cela qu’elle s’accorde avec elle-même.

Si la raison pratique ne pouvait admettre et concevoir comme donné que ce que la raison spéculative pourrait lui offrir par elle-même, c’est à celle-ci que reviendrait la suprématie. Mais, si elle a par elle-même des principes originaux a priori, avec lesquels soient inséparablement liées certaines propositions théoriques *[1], placées au-dessus de la portée de la raison spéculative (sans être pourtant en contradiction avec elle), la question est alors de savoir du quel côté est le plus grand intérêt (je ne dis pas lequel doit céder à l’autre, car l’un n’est pas nécessairement contraire à l’autre. La raison spéculative, qui ne sait rien de ce que la raison pratique veut lui faire admettre, doit-elle accepter ces propositions, et, quoiqu’elles soient transcendantes pour elle chercher à les accorder avec ses propres concepts, comme un bien étranger qui lui est transmis ; ou bien a-t-elle le droit de suivre obstinément son intérêt particulier et, ainsi que le veut la canonique d’Épicure, tout ce qui ne peut trouver dans l’expérience des exemples évidents qui certifient sa réalité objective doit-elle le rejeter comme une vaine subtilité, quelqu’intéressée qu’y soit la raison pratique pure ; et quand elle-même n’y trouverait rien de contradictoire uniquement parce que cela porte préjudice à son propre intérêt comme raison spéculative, en supprimant les limites qu’elle

  1. * gewisse theoretische positionen.