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DU CONCEPT DU SOUVERAIN BIEN.




CHAPITRE IIe


de la dialectique de la raison pure dans la détermination du concept du souverain bien.


Le concept de l’attribut souverain contient déjà une équivoque, qui, si l’on n’y faisait pas attention, pourrait donner lieu à des disputes inutiles. Souverain peut signifier suprême (supremum) ou complet *[1](consummatum). Dans le premier cas, il désigne une condition qui est elle-même inconditionnelle, c’est-à-dire qui n’est subordonnée à aucune autre (originarium) dans le second, un tout qui n’est point une partie d’un tout plus grand encore de la même espèce (perfectissimum). Il a été démontré dans l’analytique que la vertu (en tant qu’elle nous rend dignes d’être heureux) est la condition suprême de tout ce qui peut nous paraître désirable, et, par conséquent, de toute recherche du bonheur, c’est-à-dire le bien suprême. Mais elle n’est pas pour cela le bien tout entier, le bien complet, comme objet de la faculté de désirer d’êtres raisonnables finis car, pour avoir ce caractère, il faut qu’elle soit accompagnée du bonheur, et cela, non-seulement aux yeux intéressés de la personne, qui se prend elle-même pour but, mais suivant l’impartial jugement de la raison, qui considère la vertu en général dans le monde comme une fin en soi. En effet qu’un

  1. * vollendet.