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D’UNE DIALECTIQUE DE LA R. PURE PRATIQUE.


principe est donné dans la loi morale, l’absolue totalité de l’objet de la raison pure pratique ; c’est là ce qu’elle recherche sous le nom de souverain bien.

Déterminer cette idée pratiquement, c’est-à-dire en vue des maximes sur lesquelles doit se fonder notre conduite pour être raisonnable, voilà, au point de vue scientifique, le but de la philosophie *[1] dans le sens où les anciens entendaient ce mot, car pour eux le but de la philosophie était d’indiquer le concept dans lequel il faut placer le souverain bien et la conduite à suivre pour l’acquérir. Il serait bon de conserver à ce mot son ancienne signification, c’est-à-dire d’entendre par là une doctrine du souverain bien, que la raison s’efforce d’élever à la hauteur d’une science. En effet d’une part, le sens restreint de l’expression grecque (qui signifie amour de la sagesse), outre son exactitude, n’empêcherait pas de comprendre sous le nom de philosophie l’amour de la science, et, par conséquent, de toute connaissance spéculative de la raison,

  1. * Avant d’arriver au mot philosophie, Kant emploie une expression Weisheitslehre, qui a, dans la langue allemande, une étymologie analogue à celle qu’a ce mot dans la langue grecque La langue française, privée de la faculté de former des mots avec ses propres racines, n’a que le mot philosophie. Je n’ai donc pu traduire l’expression allemande Weisheitslehre, faute d’un mot français équivalent, autre que celui de philosophie. Cette expression et celle de Weisheitslehrer, en reproduisant dans la langue allemande les mots d’origine étrangère philosophie et philosophe, ont l’avantage de mettre en lumière leur sens primitif, ou d’y pouvoir être aisément ramenés, tandis que la langue française, qui n’a que ces mots, est privée de cet avantage. Aussi la traduction du passage qui suit doit-elle se ressentir de ce défaut.
    J. B.
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