Page:Kant-Critique de la raison pratique, trad. Barni, 1848.djvu/307

Cette page a été validée par deux contributeurs.
298
CRITIQUE DE LA RAISON PRATIQUE.


ment l’existence de l’objet correspondant à l’intuition se joint à l’existence de la condition (dans l’entendement qui lie la première à la seconde), et alors il était permis de chercher dans le monde intelligible l’inconditionnel, quoique d’ailleurs indéterminé, pour ce qui est partout conditionnel dans le monde sensible (relativement à la causalité comme à l’existence contingente des choses mêmes) et de rendre la synthèse transcendante. C’est pourquoi aussi, dans la dialectique de la raison pure spéculative, il s’est trouvé que les deux manières, opposées en apparence, de trouver l’inconditionnel pour le conditionnel n’étaient pas en réalité contradictoires ; que, par exemple dans la synthèse de la causalité, il n’y a pas contradiction à concevoir pour le conditionnel, qui consiste dans la série des causes et des effets du monde sensible, une causalité qui n’est plus soumise à aucune condition sensible, et que la même action, qui, en tant qu’elle appartient au monde sensible, est toujours soumise à des conditions sensibles, c’est-à-dire est mécaniquement nécessaire, peut en même temps, en tant que l’être agissant qui la produit appartient au monde intelligible, avoir pour principe une causalité indépendante de toute condition sensible *[1], et, par conséquent, être conçue comme libre. Dès lors il ne s’agissait plus que de convertir cette possibilité en réalité, c’est-à-dire de prouver dans un cas réel, comme par un fait, que certaines actions supposent une telle causalité (une causalité intellectuelle, indépendante de toute condition sensible),

  1. * sinnlich unbedingt.