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EXAMEN CRITIQUE DE L'ANALYTIQUE


comme des noumènes. De même donc qu’il y aurait contradiction à dire que Dieu est un créateur de phénomènes, il y a contradiction à dire qu’il est, comme créateur, la cause des actions qui ont lieu dans le monde sensible, et, par conséquent, des actions considérées comme phénomènes, quoique il soit la cause de l’être agissant (considéré comme noumène). Or, s’il est possible (en regardant l’existence dans le temps comme une condition qui ne s’applique qu’aux phénomènes, et ne s’applique pas aux choses en soi), d’affirmer la liberté, malgré le mécanisme naturel des actions considérées comme phénomènes, cette circonstance que les êtres agissants sont des créatures ne peut apporter ici le moindre changement, puisque la création concerne leur existence intelligible, mais non leur existence sensible, et que, par conséquent, elle ne peut être regardée comme la cause déterminante des phénomènes. Il en serait tout autrement, si les êtres du monde existaient dans le temps comme choses en soi, car alors le créateur de la substance serait en même temps l’auteur de tout le mécanisme de cette substance.

On voit combien, dans la critique de la raison pure spéculative, il était important de séparer le temps (ainsi que l’espace) de l’existence des choses en soi.

On dira que la solution proposée ici présente encore beaucoup de difficulté, et qu’il est à peine possible de l’exposer clairement. Mais de toutes celles qu’on a tentées ou qu’on peut tenter encore, en est-il une plus facile et plus claire ? On pourrait plutôt dire que