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CRITIQUE DE LA RAISON PRATIQUE.


voir un jour apercevoir l’unité de la raison pure tout entière (de la raison théorique et de la raison pratique), et tout dériver d’un seul principe, ce qui est l’inévitable besoin de la raison humaine, laquelle ne trouve une entière satisfaction que dans une unité parfaitement systématique de ses connaissances.

Si maintenant nous considérons, tel que nous le présente l’analytique, le contenu de la connaissance que nous pouvons avoir de la raison pure pratique et par le moyen de cette faculté, nous trouverons, avec une analogie remarquable entre cette faculté et la raison pure théorique, des différences qui ne le sont pas moins. Au point de vue théorique, l’existence d’une faculté de connaître purement rationnelle et a priori *[1] pouvait être aisément et évidemment démontrée par des exemples tirés des sciences (lesquelles n’ont pas à craindre, comme la connaissance vulgaire, que des principes empiriques de connaissance ne se mêlent secrètement à leurs principes, car elles les mettent diversement à l’épreuve par l’usage méthodique qu’elles en font). Mais que la raison pure, sans le secours d’aucun principe empirique de détermination, soit pratique par elle-même, c’est ce qu’il a fallu prouver par l’usage vulgaire de la raison pratique **[2], en posant le principe pratique suprême comme un principe que toute raison humaine, en tant qu’elle est tout à fait a priori et indépendante des données sensibles, reconnait naturellement pour la loi suprême de la volonté. Il fal-

  1. * Vermögen eines reinen Vernunft Erkenntnisse a priori.
  2. ** aus dem gemeinsten praktischen Vemunftgebrauche.