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CRITIQUE DE LA RAISON PRATIQUE.

Si donc, pour donner à la loi morale de l’influence sur la volonté, on ne doit invoquer aucun mobile étranger, qui puisse dispenser de celui de la loi morale, puisqu’on ne produirait ainsi qu’une pure et vaine hypocrisie, et s’il est même dangereux d’admettre à côté de la loi morale le concours de quelques autres mobiles (comme ceux de l’intérêt), il ne reste qu’à déterminer avec soin de quelle manière la loi morale devient un mobile, et quel effet elle produit alors sur notre faculté de désirer. Car, quant à la question de savoir comment une loi peut être par elle-même et immédiatement un principe de détermination pour la volonté (ce qui constitue pourtant le caractère essentiel de toute moralité), c’est une question insoluble pour la raison humaine, et qui revient à celle de savoir comment est possible une volonté libre. Nous n’aurons donc pas à montrer a priori comment il se fait que la loi morale contient en soi un mobile, mais ce que, comme mobile, elle produit (ou, pour mieux parler, doit produire) dans l’esprit.

Le caractère essentiel de toute détermination morale de la volonté, c’est que la volonté soit déterminée uniquement par la loi morale, comme volonté libre, par conséquent, sans le concours et même à l’exclusion des attraits sensibles, et au préjudice de toutes les inclinations qui pourraient être contraires à cette loi. Sous ce rapport l’effet de la loi morale, comme mobile, est donc purement négatif, et il peut être reconnu a priori. En effet toute inclination, tout penchant sensible est fondé sur le sentiment, et l’effet négatif produit sur le