Page:Kant-Critique de la raison pratique, trad. Barni, 1848.djvu/251

Cette page a été validée par deux contributeurs.
242
CRITIQUE DE LA RAISON PRATIQUE.


sert à juger nos maximes suivant des principes moraux. Si la maxime de l’action n’est pas telle qu’elle puisse revêtir la forme d’une loi universelle de la nature, elle est moralement impossible. C’est ainsi que juge le sens commun lui-même, car la loi de la nature sert toujours de fondement à ses jugements les plus ordinaires, même aux jugements d’expérience. Il l’a donc toujours devant les yeux, sauf à ne faire, dans les cas où il s’agit de juger la causalité libre, de cette loi de la nature que le type d’une loi de la liberté ; car, s’il n’avait sous la main quelque chose qui pût lui servir d’exemple dans l’expérience, il ne pourrait mettre en usage dans l’application la loi d’une raison pure pratique.

Il est donc permis aussi d’employer la nature du monde sensible comme type d’une nature intelligible, pourvu qu’on ne transporte pas à celle-ci les intuitions et ce qui en dépend, mais qu’on se borne à lui rapporter la forme législative *[1] en général (dont le concept se trouve aussi dans l’usage le plus pur de la raison, mais ne peut être connu a priori d’une manière déterminée, que pour l’usage pratique de la raison pure). Car des lois, comme telles, sont identiques, quant à la forme, n’importe d’où elles tirent les principes qui les déterminent.

D’ailleurs, comme de tout l’intelligible il n’y a absolument que la liberté qui ait d’abord de la réalité (au moyen de la loi morale), et encore n’en a-t-elle qu’autant qu’elle est une supposition inséparable de la loi morale, comme en outre tous les objets intelligibles,

  1. * Gezetz mässigkeit.