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DU CONCEPT D'UN OBJET DE LA R. PURE PRATIQUE.


peut présenter cet objet à la volonté, dont la forme est désormais déterminée a priori, comme nous l’entreprendrons dans la dialectique de la raison pure pratique. Les modernes, chez qui la question du souverain bien semble n’être plus à l’ordre du jour, ou du moins être devenue une chose secondaire, dissimulent le même vice de méthode (ici comme eh beaucoup d’autres cas) sous des expressions vagues, mais leurs systèmes le trahissent à nos yeux, en nous montrant toujours l’hétéronomie de la raison pratique, d’où il est impossible de tirer une loi morale capable de dicter a priori des ordres universels.

Puisque les concepts du bien et du mal, comme conséquences de la détermination a priori de la volonté, supposent aussi un principe pur pratique, par conséquent, une causalité de la raison pure, ils ne se rapportent pas originairement (en quelque sorte comme déterminations de l’unité synthétique de la diversité d’intuitions données dans une conscience) à des objets, comme les concepts purs de l’entendement, ou les catégories de la raison considérée dans son emploi théorique, qu’ils supposent plutôt comme données, mais ils sont tous des modes (modi) d’une seule catégorie, de la catégorie de la causalité, en tant que le principe qui la détermine réside dans la représentation rationnelle d’une loi, que la raison se donne à elle-même comme une loi de la liberté, et par laquelle elle se révèle a priori comme pratique. Cependant, comme, si les actions rentrent, d’un côté, sous une loi, qui n’est pas une loi de la nature, mais une loi de la liberté, et, par