Page:Kant-Critique de la raison pratique, trad. Barni, 1848.djvu/203

Cette page a été validée par deux contributeurs.
194
CRITIQUE DE LA RAISON PRATIQUE.




I


De la déduction des principes de la raison pure pratique.


Cette analytique prouve que la raison pure peut être pratique, c’est-à-dire déterminer la volonté par elle-même, indépendamment de tout élément empirique, — et elle le prouve par un fait où la raison pure se montre en nous réellement pratique, c’est-à-dire par l’autonomie du principe moral par lequel elle détermine la volonté à l’action. — Elle montre en même temps que ce fait est inséparablement lié et même identique à la conscience de la liberté de la volonté. Or c’est par là que la volonté d’un être raisonnable, qui, comme cause appartenant au monde sensible, se reconnaît nécessairement soumise, comme les autres causes efficientes, aux lois de la causalité, a aussi, d’un autre côté, c’est-à-dire comme être en soi, non pas il est vrai au moyen d’une intuition particulière d’elle-même, mais au moyen de certaines lois dynamiques qui peuvent déterminer sa causalité dans le monde sensible, c’est-à-dire pratiquement, la conscience d’une existence déterminable dans un ordre intelligible des choses. Car que la liberté, si elle nous est attribuée, nous place dans un ordre intelligible des choses, c’est ce qui a été suffisamment démontré ailleurs.

Que si nous rapprochons de cette analytique celle de la critique de la raison pure spéculative, nous y verrons un remarquable contraste. Là nous trouvions dans une intuition sensible pure (l’espace et le temps), et non dans des principes, la première donnée qui