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DES PRINCIPES DE LA RAISON PURE PRATIQUE.

règle pratique et contenant le principe de la possibilité de cette détermination, ou la matière de la volonté, comme principe déterminant de cette faculté, est toujours empirique, et, par conséquent, ce but peut bien servir de principe à une doctrine du bonheur comme celle d’Épicure, mais on ne saurait y voir un principe purement rationnel de la morale et du devoir (c’est ainsi que les talents et leur développement, se rattachant aux avantages de la vie, et la volonté de Dieu, quand on en fait un objet de notre volonté, sans reconnaître d’abord un principe pratique indépendant de cette idée, ne peuvent être pour nous des causes déterminantes que par le bonheur que nous en attendons. Il suit de ce qui précède, 1o que tous les principes exposés ici sont matériels ; 2o qu’ils représentent tous les principes pratiques matériels possibles. D’où enfin cette conclusion que, les principes matériels ne pouvant (comme on l’a prouvé) fournir à la morale une loi suprême, le principe pratique formel de la raison pure, d’après lequel la seule forme d’une législation universelle possible par nos maximes doit constituer le motif suprême et immédiat de la volonté, est le seul qui puisse fournir des impératifs catégoriques, c’est-à-dire des lois pratiques (qui fassent de l’action un devoir), et en général servir de principe de moralité dans l’appréciation des actions humaines comme dans les déterminations de notre volonté.


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