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CRITIQUE DE LA RAISON PRATIQUE.

Les principes qui sont placés à la gauche de ce tableau sont tous empiriques, et ne peuvent évidemment fournir le principe universel de la moralité. Ceux qui sont placés à droite se fondent sur la raison (car la perfection conçue comme qualité des choses, et la perfection suprême conçue comme substance, c’est-à-dire Dieu, sont deux choses que nous ne pouvons concevoir qu’au moyen de concepts rationnels). Le premier concept, celui de la perfection, peut être pris dans un sens théorique, ou dans un sens pratique. Dans le premier cas, il ne signifie autre chose que la perfection de chaque chose en son genre (perfection transcendentale), ou la perfection d’une chose comme chose en général (perfection métaphysique), ce dont il ne peut être ici question. Dans le second cas, la perfection est l’aptitude suffisante d’une chose pour toutes sortes de fins. Mais cette perfection, comme qualité de l’homme, c’est-à dire la perfection interne, n’est autre chose que le talent, et, ce qui le fortifie ou le complète, l’habileté. La perfection suprême en substance, c’est-à-dire Dieu, par conséquent, la perfection extérieure (considérée au point de vue pratique) est l’attribut qui fait que cet être suffit à toutes les fins en général *[1]. Or, si, d’un côté, il faut admettre comme donnés des buts relativement auxquels le concept d’une perfection (d’une perfection interne, en nous-mêmes, ou d’une perfection externe, en Dieu) puisse seul servir de principe de détermination à la volonté, d’un autre côté, un but, en tant qu’objet antérieur à l’acte de la volonté déterminée par une

  1. * die Zulänglichkeit dièses Wesens zu allen Zwecken überhaupt.