Page:Kant-Critique de la raison pratique, trad. Barni, 1848.djvu/187

Cette page a été validée par deux contributeurs.
178
CRITIQUE DE LA RAISON PRATIQUE.

volonté sujette à des affections pathologiques *[1] (quoiqu’elle ne soit pas déterminée par ces conditions, et que, par conséquent, elle soit toujours libre) renferme un désir qui, résultant de causes subjectives, peut être souvent opposé au motif pur et objectif de la moralité, et qui, par conséquent, provoque une opposition de la raison pratique, qu’on peut appeler une contrainte intérieure, mais intellectuelle, une contrainte morale. Dans l’intelligence souverainement parfaite, on doit concevoir la volonté comme incapable d’aucune maxime qui ne puisse être en même temps une loi objective, et le concept de la sainteté, qui lui convient par là même, ne la place pas sans doute au-dessus de toutes les lois pratiques, mais au-dessus de toutes les lois pratiques restrictives, par conséquent, au-dessus de l’obligation et du devoir. Cette sainteté de la volonté n’en est pas moins une idée pratique, qui doit nécessairement servir de type **[2] à tous les êtres raisonnables finis : la seule chose qui leur soit accordée est de s’en rapprocher indéfiniment, et la pure loi morale, qui pour cela même est appelée sainte, leur met toujours cette idée même devant les yeux. S’assurer dans ce progrès indéfini, de manière à le rendre constant et sans cesse croissant, suivant des maximes immuables, c’est la vertu, et la vertu est le plus haut degré que puisse atteindre une raison pratique finie, car celle-ci, du moins comme faculté naturellement acquise, ne peut jamais être parfaite, et en pareil cas la certitude n’est jamais apodictique, et la conviction est très-dangereuse.

  1. * pathologisch affleirte.
  2. ** Urbild.