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CRITIQUE DE LA RAISON PRATIQUE.


matière, il ne reste plus que la forme législative. Donc la forme législative, en tant qu’elle est contenue dans la maxime, est la seule chose qui puisse fournir à la volonté un principe de détermination.


scholie


Liberté et loi pratique absolue sont donc des concepts corrélatifs. Or je ne cherche pas ici si ce sont des choses réellement distinctes, ou si plutôt une loi absolue n’est pas entièrement identique à la conscience d’une raison pure pratique, et celle-ci au concept positif de la liberté ; mais je demande par où commence notre connaissance de ce qui est pratique absolument, si c’est par la liberté ou par la loi pratique. Ce ne peut être par la liberté, car, d’un côté, nous ne pouvons en avoir immédiatement conscience, puisque le premier concept en est négatif, et, d’un autre côté, nous ne pouvons la conclure de l’expérience, puisque l’expérience ne nous fait connaître que la loi des phénomènes, par conséquent, le mécanisme de la nature, c’est-à-dire justement le contraire de la liberté. C’est donc la loi morale, dont nous avons immédiatement conscience (dès que nous nous traçons des maximes pour notre volonté), qui s’offre d’abord à nous, et la raison, en nous la présentant comme un principe de détermination qui doit l’emporter sur toutes les conditions sensibles, et qui même en est tout à fait indépendant, nous conduit droit au concept de la liberté. Mais comment la conscience de cette loi est-elle possible ? Nous pouvons avoir conscience de lois pratiques pures, tout