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CRITIQUE DE LA RAISON PRATIQUE.

La matière d’un principe pratique est l’objet de la volonté. L’objet est ou n’est pas le principe qui détermine la volonté. S’il en est le principe déterminant, la règle de la volonté est soumise à une condition empirique (au rapport de la représentation déterminante avec le sentiment du plaisir ou de la peine) ; par conséquent, elle ne peut être une loi pratique. Or, si dans une loi on fait abstraction de toute matière, c’est-à-dire de tout objet de la volonté (comme principe de détermination), il ne reste plus que la seule forme d’une législation universelle. Donc, ou un être raisonnable ne peut concevoir ses principes subjectivement pratiques, c’est-à-dire ses maximes, comme étant en même temps des lois universelles, ou il doit admettre que c’est la forme seule de ces maximes qui, en leur donnant le caractère qui convient à une législation universelle *[1], en fait des lois pratiques.

SCHOLIE.

L’intelligence la plus vulgaire peut, sans avoir reçu aucune instruction à cet égard, distinguer quelles maximes peuvent revêtir la forme d’une législation universelle, et quelles maximes ne le peuvent pas. Je me suis fait par exemple une maxime d’augmenter ma fortune par tous les moyens sûrs. J’ai maintenant entre les mains un dépôt, dont le propriétaire est mort sans laisser aucun écrit à ce sujet. C’est bien le cas d’appliquer ma maxime ; mais je veux savoir si elle peut avoir la valeur d’une loi pratique universelle. Je l’applique donc au cas présent, et je me demande si elle

  1. * nach der jenc sich zur allgemeinen Gesetzgebung schicken.