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DES PRINCIPES DE LA RAISON PURE PRATIQUE.


comme tout à fait semblable aux autres plaisirs le plaisir que nous procurent ces représentations, d’ailleurs intellectuelles, et sans lequel elles ne pourraient déterminer la volonté. Le premier devoir du philosophe est d’être conséquent, mais c’est celui qu’on observe le moins. Les anciennes écoles grecques nous en fournissent plus d’exemples que nous n’en trouvons dans notre siècle syncrétique, où l’on fabrique, avec des principes contradictoires, des systèmes conciliants *[1] sans bonne foi et sans solidité, parce que cela convient mieux à un public qui se contente de savoir de tout un peu, sans rien savoir en somme, et de paraître habile en toute chose. Le principe du bonheur personnel, quelque usage qu’on y fasse de l’entendement et de la raison, ne saurait contenir d’autres principes de détermination pour la volonté que ceux qui sont propres à la faculté de désirer inférieure, et par conséquent, ou il n’y a pas de faculté de désirer supérieure, ou la raison pure doit pouvoir être pratique par elle seule, c’est-à-dire que, sans supposer aucun sentiment, partant aucune représentation de l’agréable ou du désagréable, comme matière de la faculté de désirer, et, par conséquent, sans soumettre ses principes à aucune condition empirique, elle doit pouvoir déterminer la volonté par la seule forme de la règle pratique. C’est à cette seule condition de déterminer la volonté pour elle-même (de n’être pas au service des penchants) que la raison est une véritable faculté de désirer supérieure, à laquelle est subordonnée celle que déterminent des

  1. * Coalitionsystem.