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CRITIQUE DE LA RAISON PRATIQUE.


pas été ajoutée comme complément, suivant l’exemple donné par la critique de la raison spéculative, on en trouvera le motif dans la nature même de la raison pratique. En effet on ne peut déterminer d’une manière spéciale et classer les devoirs, comme devoirs des hommes, que quand on connaît le sujet même de ces devoirs (l’homme) tel qu’il existe réellement, dans la mesure du moins où cette connaissance est nécessaire relativement au devoir. Or cette étude n’est pas du ressort de la critique de la raison pratique en général, qui doit se borner à déterminer complètement les principes de la possibilité de cette faculté, de sa capacité et de ses limites, indépendamment de toute relation particulière à la nature humaine. La division dont il s’agit ici appartient donc au système de la science, et non au système de la critique.

J’ai répondu, je l’espère, d’une manière satisfaisante, dans le second chapitre de l’analytique, à un critique, ami de la vérité, sagace, digne de toute estime, qui me reprochait de n’avoir pas, dans les fondements de la métaphysique des mœurs, établi le concept du bien avant le principe moral (comme cela était nécessaire,[1].

  1. On pourrait aussi me reprocher de n’avoir pas commencé par définir le concept de la faculté de désirer, ou celui du sentiment du plaisir, quoique ce reproche fût injuste, car on devrait, pour être juste, supposer cette définition donnée dans la psychologie. Mais il est vrai qu’on y pourrait définir les choses de telle façon qu’on donnerait le sentiment du plaisir pour principe à la détermination de la faculté de désirer (comme on a, en effet, coutume de le faire), et que, par conséquent, le principe suprême de la philosophie pratique devrait être nécessairement empirique, ce qui est précisément en question et ce qui est entièrement contredit dans cette critique. C’est pourquoi je veux présenter cette définition de manière à laisser