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PRÉFACE.


nous le faisons ici à leur grand déplaisir. Le concept de la liberté est une pierre d’achoppement pour tous les empiriques, mais c’est aussi la clef des principes pratiques les plus sublimes pour les moralistes critiques, qui voient par là combien il est nécessaire de procéder rationnellement. C’est pour quoi je prie le lecteur de ne pas passer légèrement sur ce qui est dit de ce concept à la fin de l’analytique.

Un système comme celui que développe ici sur la raison pure pratique la critique de cette raison a-t-il eu peu ou beaucoup de peine à rencontrer le véritable point de vue, d’où l’on en peut embrasser exactement l’ensemble ; c’est une question que je dois abandonner à ceux qui sont en état d’apprécier ce genre de travail. Il suppose, il est vrai, les fondements de la métaphysique des mœurs, mais en tant seulement que ceux-ci nous font faire provisoirement connaissance avec le principe du devoir et nous en donnent, en la justifiant, une formule déterminée *[1] ; du reste il ne repose que sur lui-même. Que si on demande pour quoi la division de toutes les sciences pratiques n’a

  1. 1 Un critique, désireux de trouver quelque chose à dire contre cet écrit, a rencontré mieux qu’il n’a pensé lui-même, en remarquant qu’on n’établissait aucun principe nouveau, mais seulement une nouvelle formule de la moralité. Car qui prétendrait apporter un nouveau principe de moralité et l’avoir le premier découvert ? Comme si le monde était resté avant lui dans l’ignorance ou dans l’erreur sur-le devoir ! Mais celui qui sait ce que signifie pour le mathématicien une formule, qui détermine d’une manière exacte et certaine ce qu’il faut faire pour traiter un problème, celui-là ne regardera pas comme quelque chose d’insignifiant et d’inutile une formule qui ferait la même chose pour tout devoir en général.