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CRITIQUE DE LA RAISON PRATIQUE.


ici de ces concepts un tout autre usage que . Or ce passage à un nouvel usage nous impose la nécessité de comparer l’ancien au nouveau, afin de bien distinguer la nouvelle sphère de l’ancienne, et d’en faire remarquer aussi l’enchaînement. Il ne faut donc pas regarder les considérations de ce genre, et, entre autres, celles qui se rapportent au concept de la liberté, au point de vue pratique de la raison pure, comme des épisodes destinés seulement à combler les lacunes du système critique de la raison spéculative (car ce système est complet à son point de vue), ou comme faisant l’office de ces étais et de ces arcs-boutants qu’on ajoute à un édifice trop précipitamment construit, mais comme de véritables membres, qui font voir la liaison des parties du système et montrent dans leur exhibition réelle *[1] des concepts qu’on n’avait pu présenter auparavant que d’une manière problématique. Cette observation s’applique surtout au concept de la liberté. N’est-il pas étonnant de voir tant d’hommes se vanter de connaître à fond **[2] ce concept et de pouvoir en expliquer la possibilité, sans sortir du point de vue psychologique ? S’ils l’avaient d’abord examiné soigneusement au point de vue transcendental, ils auraient reconnu que ce concept, indispensable, comme concept problématique, à l’usage accompli de la raison spéculative, est aussi entièrement incompréhensible, et, en passant ensuite à l’usage pratique de ce concept, ils seraient arrivés d’eux-mêmes à le déterminer relativement à ses principes, comme

  1. * In ihrer realen Darstellung.
  2. ** ihn gan : wohl einzuschen.