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DE LA MÉTAPHYSIQUE DES MŒURS


mes, en tant qu’êtres raisonnables (quoique nous soyons aussi par un autre côté membres du monde sensible), reste toujours une idée utile et légitime pour la croyance morale, quoique tout savoir cesse au seuil même du monde où elle nous introduit, car, par cet idéal magnifique d’un règne universel des fins en soi (des êtres raisonnables), dont nous pouvons nous considérer comme membres, en ayant soin de nous conduire d’après les maximes de la liberté, comme si elles étaient des lois de la nature, elle excite en nous un intérêt vivant pour la loi morale.

RENARQUE FINALE.


L’usage spéculatif de la raison, ou la raison considérée dans son rapport avec la nature, conduit à la nécessité absolue de quelque cause suprême du monde ; l’usage pratique de la raison, ou la raison considérée dans son rapport avec la liberté, conduit aussi à une nécessité absolue, mais seulement à celle des lois des actions d’un être raisonnable, comme tel. Or c’est un principe essentiel de tout usage de notre raison de pousser sa connaissance jusqu’à la conscience de sa nécessité (autrement ce ne serait pas une connaissance de la raison). Mais la raison est soumise aussi à une restriction qui n’est pas moins essentielle : c’est qu’elle ne peut apercevoir la nécessité ni de ce qui est ou arrive, ni de ce qui doit être, sans s’appuyer sur une condition, sous laquelle cela est, arrive ou doit être. Mais en remontant toujours de condition en condition, elle