possibles. L’idée de la liberté me fait membre d’un monde intelligible ; si je n’appartenais qu’à ce monde, toutes mes actions seraient toujours conformes à l’autonomie de la volonté ; mais, comme je me vois en même temps membre du monde sensible, je dis seulement qu’elles doivent être conformes à ce principe. Ce devoir *[1] catégorique suppose une proposition synthétique a priori, où à l’idée de ma volonté, affectée par des désirs sensibles, s’ajoute celle de cette même volonté, appartenant au monde intelligible, pure et pratique par elle-même, et contenant la condition suprême imposée à la première par la raison. A peu près comme aux intuitions du monde sensible s’ajoutent les concepts de l’entendement, qui ne signifient rien par eux-mêmes qu’une forme de lois **[2] en général, mais par là rendent possibles des propositions synthétiques a priori, sur lesquelles repose toute la connaissance de la nature.
L’usage pratique que le commun des hommes fait de la raison confirme l’exactitude de cette déduction. Il n’y a personne, pas même le scélérat le plus consommé, pour peu qu’il soit habitué à faire usage de sa raison, qui, lorsqu’on lui propose des exemples de loyauté dans les desseins, de persévérance dans la pratique des bonnes maximes, de sympathie et de bienveillance universelle (en y joignant même le spectacle des grands sacrifices que coûtent ces vertus), ne souhaite aussi par lui-même ces qualités. Ses inclinations et ses penchante l’empêchent de suivre ces exemples,