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DE LA MÉTAPHYSIQUE DES MŒURS


propre législation sont, il est vrai, toutes deux de l'autonomie, et, par conséquent, ce sont deux concepts identiques, mais c’est précisément pour cela qu’on ne peut se servir de l’un pour expliquer l’autre ou en rendre raison. Tout ce que l'on peut faire en pareil cas, c’est de ramener, au point de vue logique, sous un concept unique, les représentations, diverses en apparence, d’un seul et même principe (comme on réduit diverses fractions de même valeur à leur plus simple expression).

Mais il nous reste encore une ressource : c’est de chercher si, en nous considérant, à l’aide de l’idée de la liberté, comme des causes efficientes a priori, nous ne nous plaçons pas à un autre point de vue, qu’en nous représentant nos propres actions comme des effets que nous avons devant les yeux.

Il est une remarque qui n’exige pas une profonde réflexion, mais que le plus simple bon sens peut faire à sa manière, c’est-à-dire par cette sorte de jugement confus qu’il nomme sentiment : c’est que toutes les représentations que nous recevons passivement *[1] (comme celles des sens) ne nous font connaître les objets que comme ils nous affectent, ce qui ne nous apprend pas du tout ce qu’ils peuvent être en soi, et que, par conséquent, par cette espèce de représentations, quelque attention que leur donne et quelque clarté qu’y ajoute l’entendement, nous ne pouvons arriver qu’à la connaissance des phénomènes, et jamais à celle des choses en soi. Dès qu’on fait cette distinction (et il suffit pour cela de remarquer la différence des représentations qui nous

  1. * die uns ohne unsere Willkühr kommen.